Paille : les pailles de céréales, déchets agricoles disponibles en circuit court
Ressource abondante et disponible, la paille de blé, d’orge, de riz, d’avoine ou de seigle, cultivés pour leurs graines est un déchet de l’agriculture. 5% de toutes ces pailles prélevées en France servirait à isoler chaque année tous les logements neufs.
Les céréales qui se retrouvent dans notre assiette sont des graminées. Cette famille botanique regroupe plusieurs genres, le plus répandu est le Triticum auquel appartiennent les espèces de blé dur et de blé tendre, le petit épeautre, l’épeautre et le khorasan. L’orge Hordeum, le riz Oryza, le maïs Zea, l’avoine Avena et le seigle Secale sont les représentants d’autres genres de graminées.
La paille, une ressource de proximité
Le blé, l’orge ou le seigle, cultivés pour leurs graines sont présents sur tout le territoire métropolitain. En revanche, c’est uniquement en Camargue que l’on peut trouver des cultures de riz. La plupart des blés sont des cultures d’hiver, semées en octobre et récoltées en juillet. Lors de la moisson, les tiges sont coupées et battues pour être séparées de leurs graines. Laissées en plein champ après le passage de la moissonneuse-batteuse, elles sont ensuite regroupées en andains en attendant la botteleuse. Cette paille est un déchet de l’agriculture. Si une partie est utilisée en litière animale, la paille reste une matière première de proximité, disponible et abondante. Le bilan carbone d’une construction en paille est bien souvent exemplaire car son transport se fait sur de courtes distances : le champ où la paille a poussé se situe en moyenne à moins 50 km du chantier, 100 km pour la région parisienne.
Des tiges creuses pressées en botte
La paille de céréales est composée des tiges dépouillées de leurs graines. Ces tiges, riches en silice sont délaissées par les rongeurs et ce davantage lorsqu’elles sont pressées en bottes, bien serrées. Les balles rondes, de forme cylindrique ne sont pas destinées à la construction ; seules les bottes à
section rectangulaire sont utilisées. Les presses mécaniques des botteleuses ont des dimensions standard. Ainsi, les petites bottes ont toujours pour largeur 47 cm et pour hauteur 37 cm. Leur longueur varie de 80 à 120 cm en fonction de l’intensité du pressage. Pour construire, la densité des petites bottes doit être comprise entre 80 et 120 kg/m3.
Bien que leur usage pour bâtir soit moins répandu, les grosses bottes remplissent des murs et portent même la charpente de certains édifices. Leur longueur est calculée pour tenir dans la largeur des camions qui les transportent. Ainsi, elles mesurent généralement 80 x 120 x 250 cm et atteigne une densité parfois supérieure à 150 kg/m3. Si la manutention des petites bottes peut se faire à la main, celle des grosses bottes nécessite un engin de levage.
La paille en remplissage d’ossature ou de caisson : les règles professionnelles
Il existe aujourd’hui environ 5 000 bâtiments sont isolés avec de la paille en France. Pour la majorité d’entre eux, la paille remplie une ossature en bois ou des caissons préfabriqués en panneaux dérivés du bois, tous deux calepinés sur la dimension des bottes. Approuvées en juin 2011, les règles professionnelles de construction en paille constituent le cadre de référence pour l’utilisation de ce matériau comme isolant en remplissage d’ossature ou de caissons et comme support d’enduit. Ce texte réglementaire, qui a fait l’objet d’un suivi d’expérience pendant 4 ans, a permis de lever un frein important de la filière paille, lié à l’assurabilité des chantiers et des bâtis. Il décrit la mise en œuvre mais aussi les contrôles à effectuer sur les bottes de paille pour s’assurer de leur qualité. En particulier l’humidité à l’intérieur des bottes doit être inférieure à 20%. De plus, pour éviter tout risque de condensation dans les murs avec remplissage en paille, il préconise de mettre en œuvre une paroi extérieure davantage perméable à la vapeur d’eau que la paroi intérieure.
La paille porteuse
La botte paille n’est pas seulement un matériau isolant de remplissage, elle peut aussi être structurelle et ainsi porter la charpente. Les premiers bâtiments en paille porteuse ont été construits à l’époque où se sont répandues les botteleuses, dans les années 1880. Le plan ancien connu à ce jour est une école construite en 1886 au Nebraska. Le système constructif développé dans cette région a inspiré une poignée d’architectes et de constructeurs qui ont amélioré et adapté la technique à différentes tailles de bottes.
Si les petites bottes de section rectangulaire (37 x 47 cm) sont les plus couramment utilisées, les grosses bottes, aux dimension variables suivant les presses (généralement 80 x 120 cm) ont une masse volumique supérieure qui atteint bien souvent les 150 kg/m3. Cette densité est un atout pour la technique de la paille porteuse où la paille est comprimée à l’aide de sangles, de feuillard ou de poids additionnel entre une lisse basse fixée au soubassement et la lisse haute sur laquelle repose la charpente ou l’étage supérieur. Une répartition uniforme des charges est primordiale pour la stabilité de ces murs dépourvus d’ossature. Les ouvertures sont dotées de pré-cadres en bois sur lesquels sont fixées les menuiseries après leur mise en charge.
L’isolation par l’extérieur
En rénovation du bâti ancien, l’emploi de la paille en isolation thermique par l’extérieur se développe. Les bottes de paille sont bien souvent insérées dans une ossature secondaire fixée au mur. Toutefois, la plus petite dimension d’une botte de paille des presses les plus courantes, soit 37 cm, est relativement importante en termes d’épaisseur de mur ajoutée pour cette technique. La fabrication de presses spécialisées qui pourraient fonctionner en atelier ou en plein champ serait la bienvenue pour le développement de cette technique. Utiliser massivement la paille en isolation par l’extérieure permettrait de faire sensiblement baisser l’impact environnemental de du bâti ancien mais aussi de sa rénovation.