Assouplir les fibres

Pour tresser un panier ou construire la coque d’un bateau, il est essentiel d’assouplir l’osier ou le bois. Comment rendre ces matières végétales rigides plus flexibles et ainsi faciliter leur mise en œuvre ? De l’eau et, parfois, un peu de chaleur suffisent.

 

 

Les fibres végétales fraîchement cueillies sont souples et se courbent sans casser. Mais, elles sèchent rapidement après la récolte. Il est alors nécessaire de les mouiller pour les assouplir.  C’est le cas de l’osier de vannerie, récolté lorsque la sève descend. Afin d’être conservé avant son utilisation, il sèche pendant plusieurs mois. Le vannier, pour façonner les paniers, commence par faire tremper les brins d’osier dans l’eau pour qu’ils retrouvent leur flexibilité. Cette étape de trempage est assez variable et peut s’étaler sur plusieurs jours suivant la température, les variétés d’osier et les tailles de brins. Dans l’eau, les brins d’osier gonflent légèrement et s’assouplissent, ce qui facilite leur mise en œuvre.

 

Assouplir les fibres pour mieux construire avec les fibres végétales - amàco
Une tige de rotin, végétal de la famille des lianes, s’assouplit après trempage : elle se courbe davantage, sans rompre – crédits : amàco

 

De l’eau pour assouplir

Lors du trempage des tiges d’osier ou du bois, les molécules d’eau parviennent à se glisser au cœur de la matière, entre les chaînes de cellulose qui constituent les fibres végétales. Les chaînes de cellulose s’écartent et peuvent alors se mouvoir légèrement. L’eau agit comme un lubrifiant : les fibres de l’osier ou du bois, constituées de ces molécules de cellulose, s’assouplissent. Ce phénomène peut s’étendre à toutes les fibres végétales mises en œuvre de manière tissée ou enchevêtrée. La paille de céréale, moissonnée avant que la rosée du matin ne s’évapore, est plus souple que la paille sèche, récoltée plus tard dans la journée. Les tiges de paille, assouplies par l’humidité matinale, se plient et s’enchevêtrent davantage lors du passage de la botteleuse : la paille se comprime davantage, les bottes sont plus denses.

 

 

Le cintrage du bois

Le bois devient modelable lorsqu’il est gorgé d’eau et chauffé. En effet, l’action de l’eau combinée à la chaleur ramollit certains constituants du bois qui glissent les uns contre les autres. Ces glissements permettent au bois de se courber sans casser. Plus précisément, il existe pour le bois une température de ramollissement au-delà de laquelle il devient malléable. Il s’agit de la température de transition vitreuse de l’un de ses principaux constituants : la lignine. En dessous de cette température, le bois se présente comme une matière plutôt dure et cassante, au-dessus il se ramollit et se déforme facilement sans rompre. La présence d’eau abaisse cette température de ramollissement. En résumé, le bois gorgé d’eau chaude se ramollit davantage que le bois sec. Lors du refroidissement et séchage, la lignine retrouve son état vitreux, c’est-à-dire solide, dur et cassant. Si la déformation est maintenue pendant cette transition de l’état malléable à l’état solide et cassant, la baguette conserve sa forme courbe.

Comprimer du bois ramolli

Dans les mêmes conditions que pour le cintrage, le bois devenu malléable peut être comprimé. Après séchage et refroidissement, le bois durcit à nouveau et conserve sa forme. La déformation est importante : ici la longueur est réduite d’environ 10 %. Placé dans l’eau bouillante, le bois retrouve sa forme initiale : on parle de recouvrance élastique ou de mémoire de forme. En réalité, il se peut que la réversibilité ne soit que partielle car la paroi des cellules du bois a pu être endommagée par la compression. On comprime de préférence le bois dans la direction radiale. C’est la direction dans laquelle la déformation est la plus importante car elle permet de comprimer les canaux formés par les fibres de bois.