La paille structurelle : des murs en bottes comprimées

La botte de paille présente d’excellentes performances hygrothermiques lorsqu’elle est utilisée en remplissage de mur. Mise en œuvre selon un système constructif particulier qui permet de la comprimer en répartissant les charge, la paille peut en plus avoir un rôle structurel.

 

La paille, en plus de remplir sa fonction d’isolant, peut être structurelle. Si différents types de bottes à section rectangulaire sont utilisés le principe constructif reste le même : la paille est placée entre une lisse basse et une lisse haute. Ainsi comprimée, la paille peut supporter des charges et porter la charpente voire même un étage.

 

crédit : Nebraska State Historical Society

Une technique centenaire

La paille porteuse est née aux États-Unis, dans le Nebraska, avec la démocratisation des botteleuses dans les années 1880. Ne connaissant que le bois pour construire, les colons installés dans cette zone quasi désertique où les arbres sont rares ont simplement dû bâtir avec la seule ressource disponible à portée de main : pas de pierres, ni bois seulement de la paille.

 

 

 

 

 

crédit : amàco

Du bois pour repartir les charges sur la paille

Les bottes sont disposées sur une lisse basse en bois, dans laquelle sont coincée des broches en bois verticales. Ces dernières assurent un bon maintien du premier lit de bottes.

Les bottes sont ensuite disposées en quinconce, de manière à décaler les joints. Certaines bottes nécessitent d’être redimensionnées pour compléter une rangée. Une fois le mur monté, la lisse haute est posée. Cette dernière permet de répartir uniformément les charges sur toute la longueur du mur. Le serrage des sangles qui entoure le mur, passant sous la lisse basse et sur la lisse haute, vient fortement comprimer les bottes. Suffisamment tassée, la paille peut alors supporter des charges, elle joue alors pleinement son rôle structurel. Les pré-cadres qui accueilleront les fenêtres et les portes sont alors posés et la paille peut d’ores et déjà porter un étage supplémentaire ou directement la charpente.

 

 

 

Vers des règles professionnelles ?

La technique de la paille porteuse n’a pour l’instant pas de texte règlementaire, contrairement à la paille non structurelle. Des membres du Réseau Français de la Construction en Paille travaillent actuellement à la rédaction de recommandations techniques spécifiques à la paille porteuse. Si ces textes pourront s’appuyer sur les essais menés pour les règles professionnelles existante de la paille non structurelle, notamment les essais au feu réalisés au CSTB, ils devront en plus faire l’objet de tests mécaniques importants pour convaincre les bureaux de contrôle et les assureurs. Néanmoins, la technique est prometteuse et elle est déjà mis en œuvre à titre expérimental dans plusieurs bâtiments en France, notamment un EPR : l’école des Boutours de Rosny-sous-Bois.