Bauge

Dans sa forme la plus simple, un mur en bauge est construit en empilant des boules de terre malléables comme de la pâte à modeler. La version rurale française consiste à empiler à la fourche des paquets de terre plastique. Les murs épais obtenus, construits d’un seul bloc – on dit qu’ils sont monolithiques –, ressemblent aux murs en pisé. Dans la plupart des régions du monde, la construction en bauge est entièrement façonnée à la main, à la manière d’une sculpture géante.

 

La terre étant mise en œuvre à la main, il est préférable qu’elle ne contienne ni cailloux ni graviers. Suivant les régions, elle peut être sableuse, ou plus fine et argileuse. Un mur en bauge est épais de 40 à 60 cm, voire plus. Il est généralement constitué d’un empilement de boules de terre, souvent additionnée de fibres végétales et parfois d’éléments minéraux (éclat de silex ou de terre cuite broyée). Après la constitution d’une couche de 50 à 60 cm de hauteur, les faces sont battues pour éviter les fissures au séchage, puis taillées afin d’ obtenir une surface plane.

 

La mise en œuvre traditionnelle de la bauge

En premier lieu, le mélange de terre et de fibres végétales est malaxé à l’état plastique. Des boules sont alors façonnées et lancées au maçon qui les pose sur le mur, où elles sont triturées afin de se fondre en une structure monolithique. Le mur encore frais est généralement battu avec un bâton pour refermer les fissures, puis les faces irrégulières sont découpées à l’aide d’un outil tranchant. La hauteur de mur réalisable en une journée est limitée : encore à l’état plastique, la terre risque en effet de s’affaisser sous son propre poids. Il faut procéder en plusieurs couches, et attendre que le mur sèche entre les levées. Si la plupart du temps la terre est mise en oeuvre à la main, elle peut également être préparée et empilée sur le mur avec une fourche : c’est le cas en France par exemple.

 

image issue du film Bauge Coffrée, chantier participatif ALP et entreprise Terre Crue – cc amàco / les films du lierre

 

 

Les évolutions contemporaines

La bauge connaît peu d’évolutions contemporaines. Des tentatives de bauge préfabriquée ont cependant été menées en Bretagne. De gros blocs de terre sont fabriqués en atelier, puis transportés et mis en oeuvre sur le chantier à l’aide d’engins de levage. Plus fréquente, la technique de la terre projetée, inventée en 1996 par l’Américain David Easton, l’un des pionniers du renouveau de la construction en terre aux États-Unis, peut être considérée comme une évolution contemporaine de la bauge. La terre sèche et pulvérulente traverse un tuyau relié à un compresseur et est violemment projetée contre une paroi verticale en bois, utilisée comme coffrage. À la sortie du tuyau, la terre est humidifiée en une fraction de seconde, s’approchant ainsi de l’état plastique idéal pour bâtir le mur. Les structures obtenues sont massives, droites et monolithiques, comme des murs en bauge.

 

La technique de la bauge coffrée

La technique de la bauge coffrée est un système de construction monolithique composée de terre crue et de fibres végétales empilées. A la différence de la bauge traditionnelle, la technique présentée dans la vidéo ci-dessous permet d’obtenir des surfaces verticales par coffrage. Le mélange de terre et de fibres végétales est réalisé sous la forme dite de caillebottis, une brique terre/paille à l’état plastique. Technique ancestrale bretonne, l’opération consiste à empiler une couche de terre avec la bonne teneur en eau entre deux couches de paille avant d’agglomérer l’ensemble en le piétinant. Les caillebottis sont modelés par la découpe du mélange puis assemblés dans le coffrage. Ils sont disposés pour former un appareil en chevrons, couche après couche. En plus de faciliter le remplissage des coffrages, cette technique de maçonnerie permet d’absorber d’éventuelles fissurations dans le mur. Construits par tranche de 50 cm, les murs s’élèvent au fur et à mesure du remplissage et du séchage de chaque strate. Le système de coffrage en bois, conçu par l’entreprise Terre Crue, offre l’avantage de remplir une tranche simultanément au séchage de la strate inférieure.

 

 

La bauge a été choisie pour ses qualités frugale, énergétique et écologique ainsi que pour son ancrage avec le patrimoine architectural local – une façon de valoriser les savoir-faire de la région en employant des matériaux locaux. Ce sont plus de 500 m3 de remblais, extraits à proximité, qui ont été employés dans la construction des murs et cloisons de l’ensemble des bâtiments. Les cloisons séparatives intérieures sont en torchis : remplissage de terre et fibres dans une ossature bois. Les charpentes et planchers sont en bois et l’isolation des rampants en paille.

 

 

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