Roseau, plante annuelle des zones humides

Principale ressource qui couvre les toits de chaume, le roseau pousse dans les zones humides. Sa coupe annuelle permet l’entretien et la préservation des roselières, refuges abritant une grande diversité de faune et de flore.

 

Le roseau commun Phragmites australis fait partie de la grande famille des graminées. Plante à tige creuse, parcourue de nœuds réguliers, le roseau atteint 2 à 3 mètres de hauteur. Il pousse dans les milieux humides peu oxygénés, où l’eau s’écoule peu comme dans les marais. Les colonies de roseaux ne sont pas des cultures semées : ils se régénèrent chaque année à partir de leur rhizome.

 

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Crédits : CC-BY-SA-3.0 Le.Loup.Gris

 

 

Les roselières

Le roseau est une espèce cosmopolite : elle se rencontre dans presque toutes les régions du monde. Il pousse très bien dans les zones humides où il eut même devenir un eu envahissant. Les grandes colonies de roseaux forment des roselières qui peuvent être en partie exploitées. La coupe annuelle des tiges de roseau est nécessaire sur les parcelles de ces zones humides qui ont tendance à se boiser. La récolte du roseau permet de préserver ces milieux et la biodiversité qu’ils abritent.

Si l’on trouve du roseau un peu partout en France, la Camargue rassemble à elle seule les trois quarts des bottes de roseau français destinées à la construction. La Brière, marais situé dans le sud de la Bretagne, fief historique des toits de chaume, concentre plus de la moitié des chaumières françaises et réorganise progressivement une filière locale, fédérant coupeurs de roseaux, artisans chaumiers, chercheurs et usagers.

 

Crédits : CC-BY-SA-4.0 Agnes Monkelbaan

 

 

La coupe se fait en hiver

Le coupeur de roseau attend les premières gelées de l’hiver dépouillant les tiges de leurs feuilles, pour commencer sa récolte. De décembre à mars, par beau temps, la coupe des roseaux est mécanisée. Les coupeurs utilisent des dameuses équipées de faucheuse-lieuse : cette machine progresse dans la roselière pour couper les tiges de roseau et les assembler en botte. Une fois à l’abri, les bottes sont peignées pour être débarrassées des herbes accrochées à leur pied et des brins cassés. Cette étape de nettoyage est directement suivie d’un conditionnement en bottes de 20 cm de diamètre, elles-mêmes regroupées par 50 en ballots, stockés en attendant d’être utilisé sur un chantier. Sur un hectare de roselière le coupeur récolte environ 500 bottes qui permettront de couvrir 35 m2 de toiture.

 

 

La qualité du roseau

Utilisé en couverture ou en bardage, le roseau est directement exposé à la pluie, au vent et au soleil. La durabilité des toitures en chaume qui se dégrade naturellement dans le temps dépasse pourtant les trente ans. Au-delà d’une bonne mise en œuvre, d’une certaine pente de toit à respecter et d’un entretien régulier mais sommaire, la qualité du roseau est déterminante pour la durée dans le temps. La principale source de pathologie des couvertures en chaume réside dans la présence d’eau en surface ou dans l’épaisseur qui conduit au développement de champignons, accélérant la dégradation de la matière végétale. Ainsi, les plus gros diamètres de roseaux phragmites, coupés au plus près de leur pied, sont privilégiés : ils retiennent moins d’eau que les tiges plus fines. En effet, d’une part les remontées capillaires sont moins importantes que dans les tiges plus fines et d’autre part le séchage est plus rapide. D’autres paramètres, comme la salinité de l’eau de la Roselière ont également une influence la qualité du roseau. La durabilité des toitures en chaume repose avant tout sur le savoir-faire des coupeurs de roseau et des chaumiers qui évaluent au toucher la durabilité de la matière à mettre en œuvre.

 

 

Le chaume : du roseau en couverture

A l’origine, le mot chaume désigne la tige creuse herbacée des graminées. C’est aussi le nom donné par extension au matériau de couverture traditionnelle fait de roseau ou parfois de paille de seigle. Les bottes de roseau, stockées dans au sec jusqu’au au chantier sont mises en œuvre directement en toiture. En moyenne 15 bottes sont nécessaires pour couvrir un mètre carré. Chaque botte est posée sur la charpente les pieds en bas, avant d’être serrée sous une barre métallique par un fil d’acier traversant la charpente. L’étanchéité de la toiture est assurée par le serrage et le recouvrement des tiges qui avoisine les 99 % de leur longueur. Épaisse d’environ 30 cm, la couverture en chaume est une des plus légères. La technique de pose dite « à la barre » du chaume en toiture se décline également en bardage extérieur, offrant ainsi une coque continue de matière végétale du faitage au soubassement, aux indéniables qualités thermiques, environnementales et esthétiques.

 

Crédits : Pierre l’Excellent

 

 

Les panneaux de roseau préfabriqués

Le chaume une des plus vieux matériaux de couverture se décline également en panneaux. Ces éléments préfabriqués en atelier remplissent les fonctions d’isolant, de support d’enduit ou de bardage extérieur. Les machines nécessaires à leur production sont des presses qui maintiennent la quantité adéquate de tiges de roseau alignées pendant l’étape de couture qui lient l’ensemble avec des fils métalliques. L’alignement et l’orientation des tiges de roseau dans les panneaux, parcourues à intervalle régulier de fils métalliques, leur donne une esthétique bien distincte de celle du chaume traditionnel où l’on ne voit que le pied coupé des tiges.

 

Crédits : Pierre l’Excellent